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📚J'ai lu : Ne reste pas à ta place!


Avis livre Ne reste pas Ă  ta place - Sweet brown sugar

Avec tout ce que j'avais mis en attente depuis plusieurs mois, je suis ravie d'avoir enfin terminé ce livre et de le partager avec vous.
Je me l'étais procuré lors de l'édition 2019 de la NHA et nous avions d'ailleurs eu l'honneur, grande louloutte et moi, de rencontrer son auteur, Rokhaya Diallo.

Avis livre Ne reste pas Ă  ta place - Sweet brown sugar

Rokhaya Diallo ne peut, contrairement Ă  ce qu’on aime faire en France, ĂȘtre Ă©tiquetĂ©e sous une seule fonction. A la fois, journaliste, chroniqueuse et prĂ©sentatrice TV, ses positions militantes lui permettent Ă©galement d’Ɠuvrer au sein d’associations sans pour autant se dĂ©clarer porte-parole d’une organisation particuliĂšre, lui laissant une grande libertĂ©. Elle a Ă©galement rĂ©alisĂ© quelques documentaires engagĂ©s et est l’auteur de plusieurs autres livres.

« En tant que femme noire, je ne correspond pas Ă  la norme dominante en France. Cela serait sans importance si cela n’avait pas une incidence sur mon quotidien. Lorsque l’on est une Noire ou un Noir en France, on vit dans une absence de reflet de soi dans les mĂ©dias. Les occasions d’identifications sont trĂšs rares et souvent assouvies par les productions amĂ©ricaines. »

Elle est une des rares femmes issue de la diversitĂ© que l’on peut voir ou entendre s’exprimer dans les mĂ©dias traditionnels. Et surtout, elle partage beaucoup de points en communs avec nous toutes, simples femmes françaises non blanches au quotidien lambda, ne bĂ©nĂ©ficiant pas de passe-droit pour Ă©voluer aisĂ©ment dans la sphĂšre professionnelle.

Et c’est en grande partie le sujet de ce livre, une interrogation qui a pu toucher bon nombre d’entre nous la concernant : comment une femme noire de classe moyenne, dont la parole a parfois plus de rĂ©sonance Ă  l’Ă©tranger que dans son pays natal et que rien ne prĂ©destinait Ă  cette trajectoire, en est arrivĂ©e lĂ  oĂč elle en est ?

« Quand on est minoritaire, le dĂ©fi est de parvenir Ă  rester soi-mĂȘme, de ne pas tenter de gommer ce qui nous caractĂ©rise pour se fondre dans la norme.
Comment s’assumer quand on appartient Ă  une catĂ©gorie dont la prĂ©sence est si rarement mentionnĂ©e ? Quand on n’existe pas dans le rĂ©cit national ? Quand on parle de nous comme des «autres », « elles, eux » ?»

Avec une Ă©criture simple et des rĂ©fĂ©rences accessibles, elle nous embarque dans son parcours, depuis son enfance jusqu'aujourd'hui. Elle Ă©voque ses choix, les difficultĂ©s rencontrĂ©es, les opportunitĂ©s saisies et le sort rĂ©servĂ© Ă  ceux qui estiment qu’elle n’est pas Ă  sa place, le tout illustrĂ© de jolies anecdotes et confidences sur certains faits publiques, toujours avec sincĂ©ritĂ© et bienveillance.
Une bienveillance que les mĂ©dias français ne lui confĂšrent pas toujours. Ses propos ont souvent Ă©tĂ© source de polĂ©miques sur la toile, comme par exemple le #sparadrapgate oĂč elle indiquait simplement que tout Ă©tait pensĂ© pour les peaux blanches jusqu’aux pansements… Elle donne les outils utilisĂ©s pour faire face Ă  ces attaques parfois trĂšs virulentes, souvent injustifiĂ©es et tĂ©moin d’une ignorance accrue. Mais, sur ce point, on sait bien que la France n’a aucun problĂšme de racisme, n’est-ce pas ?!

« Si l’on veut faire rĂ©sonner sa voix, il faut accepter de ne pas ĂȘtre aimĂ© de tous et de se trouver la cible de critiques parfois injustes. Ce qu’il ne faut jamais perdre de vue, c’est soi-mĂȘme. Quand on sait qui on est, quand on connait sa valeur et qu’on sait pourquoi on agit, rien ne peut nous faire dĂ©vier. »

« Je laisse Ă  mon cercle proche le soin de me protĂ©ger et de m’aimer, et m’implique le moins possible affectivement dans le cercle professionnel. Car nos collĂšgues ne sont pas nĂ©cessairement nos amis. La premiĂšre chose qui nous unit Ă  eux, c’est un projet professionnel. Il ne faut donc pas se perdre dans des considĂ©rations affectives dans des espaces oĂč ce n’est pas la prioritĂ©. »

Ce livre n’est pas, comme elle l’indique aussi, un recueil de rĂšgles Ă  suivre pour faire comme elle mais plutĂŽt un guide visant Ă  se dĂ©passer en s’appuyant sur ses ressources afin d’atteindre les objectifs qui Ă©crasent ce Ă  quoi la sociĂ©tĂ© nous conditionne. ConcrĂštement, ce n’est pas parce qu’on est issue de minoritĂ© et de classe populaire, qu’on ne peut accĂ©der Ă  des positions oĂč d’autres personnes de notre milieu sont inexistants. Parfois effectivement on peut facilement se dire que tel ou tel mĂ©tier n’est pas pour soi, que ça appartient Ă  une certaine catĂ©gorie de la population. Mais si l’envie et la dĂ©termination sont lĂ , pourquoi ne pas essayer au moins ? Rokhaya Diallo, par ses anecdotes le montre trĂšs bien et motive Ă  se surpasser, sans rester Ă  sa place, le tout avec sagesse.

« Nombreuses sont les personnes qui redoutent de perdre de leur Ă©clat quand elles se trouvent avec des personnes plus reconnues. C’est Ă  mon sens une erreur. Car l’Ă©clat des autres resplendit sur nous. Il ne se ternit pas dans cette confrontation, mais gagne au contraire en intensitĂ©. Nous sommes plus forts si nous savons reconnaĂźtre que les accomplissements des autres ne menacent pas les nĂŽtres. »


J’ai apprĂ©ciĂ© la lecture trĂšs fluide (205 pages) et la grande source d’inspiration que constitue ce livre qui devrait ĂȘtre offert Ă  bon nombre de femmes, notamment celles en manque de confiance ou de motivation pour entreprendre leurs projets. On se sent gonflĂ©e Ă  bloc et prĂȘte Ă  affronter le monde, comme aprĂšs un concert de BeyoncĂ©, si, si, je vous assure!
J’ai aussi aimĂ© en apprendre un peu plus sur la personne qu'est Rokhaya Diallo au delĂ  du personnage connu via les mĂ©dias. Les expĂ©riences d’autrui sont toujours intĂ©ressantes!
Enfin, j’ai trouvĂ© intĂ©ressant qu’elle mette le doigt sur l’incohĂ©rence de l’afro-fĂ©minisme français qui s’appui souvent sur des rĂ©fĂ©rences anglo-saxonnes alors que nous devrions davantage mettre en valeur nos propres rĂ©fĂ©rences francophones. A explorer…

J’ai moins aimĂ©… encore une fois, rien ne m’a dĂ©rangĂ©, je recommande ! Certains pessimistes diront qu'elle a eu de la chance, que nul ne peut effectuer un parcours similaire en partant des mĂȘmes bases et que n'importe qui ne peut pas forcĂ©ment faire tout et n'importe quoi, sans argent ni rĂ©seau. Chaque page prouve pourtant le contraire, sans promettre mondes et merveilles et avec toute la sincĂ©ritĂ© et la justesse nĂ©cessaire.


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Pour aller plus loin, retrouvez mon avis sur un autre de ses livres et si, comme moi vous consommez du podcast, ou que vous souhaitez en dĂ©couvrir, je vous conseille le remarquable Kiffe ta Race qu’elle tient avec Grace Ly. Les Ă©pisodes ne semblent jamais assez longs mais toujours trĂšs enrichissants. 
Vous m'en direz des nouvelles ! 



Alors, prochain bouquin sur votre liste?



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