Certains dâentre vous connaissent dĂ©jĂ lâauteure de ma derniĂšre lecture et peut-ĂȘtre que, comme moi, vous en ĂȘtes fan!
Elle est devenue coach stratégiste suite à une mauvaise expérience professionnelle, un licenciement suivi d'un burn-out entre autres luttes contre certaines discriminations (notamment grossophobie, racisme et misogynie).
Marie DaSylva est surtout connue sur la TwittosphĂšre pour ses sĂ©ances hebdomadaires oĂč elle offrait dĂ©jĂ tous les jeudis des conseils et stratĂ©gies de dĂ©fense aux personnes minorisĂ©es face aux difficultĂ©srencontrĂ©es dans la sphĂšre professionnelle.
Depuis, elle a fondĂ© son agence Nkaliworks oĂč elle accompagne ses clients quâelle nomme pĂ©pites (principalement des femmes non blanches mais aussi des hommes plus rĂ©cemment) Ă dĂ©terminer ce qui ne va pas et Ă agir en consĂ©quence.
Parfois, on a tellement lâhabitude de prendre sur soi, gagnĂ© par la peur de perdre son emploi et sans sâoffrir la perspective dâune autre issue possible, quâon ne voit plus que ce que lâon subit quotidiennement nâest pas normal, et souvent aussi au dĂ©triment de sa santĂ©.
« Chaque décision qui te fait prioriser ta santé mentale est la meilleure décision possible. »
Le livre est conçu en plusieurs chapitres reprenant les thématiques les plus traitées par Marie DaSylva en coaching avec un exemple concret et réel d'une pépite. Elle a tenu à ce que les cas choisis restent universels.
Lâexemple de Sandra pourra, je pense, faire Ă©cho Ă beaucoup de personnes. Combien sommes-nous encore dans ce cas ? Combien dâentre nous avons Ă©tĂ© dans cette configuration ? Qui va aller au-delĂ de cette peur irraisonnĂ©e de perdre son poste pensant Ă tord quâil nây a pas mieux ailleurs ?
Extrait :
Sandra avait
excellé en tant que fourmi lors de son premier emploi : des heures
interminables, des urgences Ă nâen plus finir, faire le travail de trois
personnes. Le management est lâart de faire descendre lâascenseur de merde Ă lâĂ©tage
dâen dessous, et ce sans fin. Ses managers lui demandaient de mettre de lâordre
dans un chaos lui-mĂȘme structurel.
Pallier des
difficultés structurelles par une organisation personnelle est une utopie
dangereuse.
« La peur de ne pas ĂȘtre Ă la hauteur nous pousse Ă sâadapter Ă lâextrĂȘme, et ce Ă son corps dĂ©fendant : dâoĂč le burn-out. »
Et je me reconnais grandement dans cette derniĂšre affirmation car jâai vĂ©cu cette situation professionnelle oĂč ma santĂ© mentale Ă©tait en pĂ©ril. Mais la femme que jâĂ©tais ne pouvait se lâavouer alors mon corps sâen est chargĂ© : palpitations conduisant Ă une consultation en cardiologie en urgence. Le dĂ©clic pour me poser de sĂ©rieuses questions : qu'ai-je Ă gagner Ă continuer Ă me surpasser ainsi? Une autre voie est-elle possible?Et comment la mettre en place? Jâaurai, Ă lâĂ©poque, bien eu besoin des conseils de Marie pour mieux organiser mon dĂ©part de cette entreprise dont la direction s'est refusĂ©e Ă entendre mon mal ĂȘtre. Je suis partie Ă ma maniĂšre et avec les moyens Ă ma disposition pour finalement me prioriser et Ă©voluer professionnellement dans un environnement plus sain et parfaitement compatible avec ma vie de famille (j'en parlais ICI). Cette dĂ©mission reste Ă ce jour la meilleure dĂ©cision de ma vie professionnelle.
« Quâallons-nous
faire du temps qui nous est imparti ?
Quel
rapport entretenons-nous avec ce temps quand il est malmenĂ© par lâoppression ?
Dans
quelles circonstances nous Ă©chappe-t-il constamment et semble-t-il ĂȘtre capturĂ©
par des forces extérieures ? »
Ce sont les axes de travail de Marie pour Ă©laborer les stratĂ©gies dâauto-dĂ©fense
Ce livre sâadresse Ă toutes les personnes qui rencontrent des difficultĂ©s dans le milieu Ă©tudiant ou professionnel et qui ne correspondent pas à « la classe dominante », c'est-Ă -dire ni homme, ni blanc, ni hĂ©tĂ©ro, ni valide.
Pour toutes celles et ceux qui ne se sentent pas complĂštement Ă lâaise sans franchement dĂ©terminer pour quelle raison, Marie aide Ă mettre des mots dessus et Ă prĂ©voir un plan dâaction car, aprĂšs tout, pour quelle raison faudrait-il ne pas ĂȘtre Ă©panoui au travail ? Avoir une relation toxique avec son travail n'est pas sain mais nous sommes souvent dans le dĂ©ni.
Lâauteure rappelle la nĂ©cessitĂ© de contrer les discours anti-victimes de type « supporte », « quâas-tu fait pour que cela arrive ? » ou « mais tu nâas pas le choix », dont le seul but est de nous faire taire. « Le symptĂŽme, câest le mal qui passe par la chair pour rĂ©vĂ©ler. Tu perds tes cheveux, tu fais des ulcĂšres parce que cette boule au ventre est bien lĂ finalement, tu ne dors plus. Parle avec toi. »
Au delĂ de savoir pourquoi, il devient vital de se poser la question : comment jâarrĂȘte de souffrir ?
Jâai apprĂ©ciĂ© dĂ©couvrir le point de vue de personnes rencontrant dâautres discriminations. On en entend parler mais, sans la parole des concernĂ©s, on ne peut rĂ©ellement se rendre compte de lâimpact de certaines paroles ou gestes. Câest ici trĂšs intĂ©ressant de les entendre enfin et d'avoir du coup un petit miroir sur nos propres actes. TrĂšs enrichissant.
Aussi les stratĂ©gies de dĂ©fense sont dĂ©terminĂ©es sur-mesure et donnent envie dâĂȘtre pris sous lâaile dee faire Ă©quipe avec Marie.
Jâai moins apprĂ©ciĂ© lâĂ©criture inclusive, dĂ©concertante de mon point de vue car je nâen ai pas lâhabitude sur de longs textes. Cependant, je comprends tout Ă fait la dĂ©marche de lâauteure (qu'elle explique d'ailleurs trĂšs clairement) et je ne peux quâapplaudir son choix, Ă moi de m'adapter!
En attendant de vous procurer ce livre (ou de lâoffrir Ă qui de droit), sachez quâil y a aussi un podcast « Better Call Marie » et que vous pouvez retrouver ses threads avec le hashtag #JeudiSurvieAuTaf via Twitter (@napilicaio).
Je conseille vraiment ce livre Ă tous ceux qui dĂ©marrent dans la vie active et Ă ceux qui ne se sentent pas vraiment Ă©panouis au travail afin que le mal-ĂȘtre au travail ne soit quâun mauvais souvenir, surtout aprĂšs cette pĂ©riode Ă©trange de confinement oĂč les remises en question sont plus que nĂ©cessaires pour que notre bien-ĂȘtre, physique et moral, soit la prioritĂ©.
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